Attaque du chant pied droit après 1.2.3
Tonalité : Si bémol mineur (Bb minor)
Note de départ : Si bémol (Bb)
Syllabes en gras = pied gauche
Cadence : 68 à 72 pas/mn

  1. Dans la boue, les sillons,
    Sous le ciel gris nous marchons,
    Malgré la fatigue et la pluie,
    Malgré la famine et l’ennui ;
    Nous veillons et nous attendons
    Que pour nous gronde le canon,
    Si demain il nous appelait,
    Nous partirions sans un regret.
  • Refrain
    La France pleure ses enfants
    Tombés là-bas au Levant,
    Nous garderons leur souvenir,
    Comme eux nous voulons bien servir.
    Nos anciens du Liban
    Nous prédent en avant :
    Vivant pour le même horizon,
    Pour la France nous servirons.
  1. Sous le soleil brûlant
    Montaient nos rires et nos chants,
    Notre sourire était la paix
    Pour tous ces enfants qui souffraient,
    Sur nous des orages d’acier,
    Sur terre se sont déchaînés,
    Pour que sous un ciel bas et noir
    A jamais meure tout espoir.

 

Remarques

Il existe de nombreux enregistrements de ce chant, mais beaucoup laissent entendre ici ou là des silences (souvent 2 temps muets), sans que cela soit justifié par la carrure du chant (la carrure d’un chant est une architecture rythmique basée sur une séquence régulière d’un nombre de mesures, très souvent 4 mesures à 2 temps pour les chants militaires).

« Ceux du Liban » semble avoir été au départ un chant parfaitement « carré », avec 4 temps forts (les syllabes en gras ici) pour 2 vers. Rajouter des temps muets ici ou là ne reste qu’une liberté d’interprète, mais pas la règle et risque de participer au brouillard des multiples interprétations qui plane sur notre répertoire militaire.

Le colonel Christophe de Lajudie, auteur des paroles (à l’époque en tant qu’élève de la Promotion « Ceux du Liban »), et qui a beaucoup

œuvré pour une bonne interprétation du répertoire (ref. : l’excellente cassette pédagogique du 4e REI), s’est lui-même interrogé sur ces dérives.

 

Nous avons pris ici comme référence la version de la Promotion E.M.I.A. Lieutenant Schaffar qui ne rajoute aucun temps muet, si ce n’est une césure de 2 temps muets avant l’attaque du 2e couplet, ce qui est tout à fait acceptable. Pour l’écriture de la partition, afin de rester parfaitement « carré », nous n’avons malgré tout pas inclus ces 2 temps muets à la fin du 1er refrain, mais avons placé un point d’arrêt  qui suggère cette respiration de 2 temps muets, et que nous laissons entendre dans le fichier-son du site.

 

Il est à remarquer deux possibilités mélodiques sur le 4e vers des couplets.

On entend très souvent un mouvement conjoint descendant sur « famine et l’ennui », mais avec un grand intervalle (une sixte) pour attaquer ensuite le vers suivant « Nous veillons… », ce qui pose parfois des problèmes de justesse.

 Dans la version que nous avons conservée ici (Promotion Lieutenant Schaffar), le groupe de mots « famine et l’ennui » se chante sur une même note, ce qui facilite l’attaque du vers suivant.

 

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Historique :

Ce chant est un exemple emblématique de la vitalité du répertoire militaire français, puisqu’il est créé en école puis s’est largement diffusé dans la troupe. Il est écrit fin 1983 au sein de la promotion EOR amalgamée (la structure de l’époque) entre Saint-Cyriens de la promotion Lieutenant-Colonel Gaucher, élèves-officiers de réserve et Polytechniciens. La promotion prend le nom de Ceux du Liban en hommage aux victimes de l’attentat du Drakkar survenu en octobre et compose son chant. Son auteur, l’EOA Christophe de Lajudie est l’élève chant de la promotion, il témoigne en décembre 2020 :

« Le chef de bataillon Falzone, OSA du bataillon, me convoqua et me remit une liasse de partitions composées pour un chant de promotion par un EOR d’une précédente promotion (la promotion du Guesclin…), compositeur de son état, lequel avait composé plusieurs partitions et avait laissé le “rab” au bataillon. J’en ai déchiffré une laborieusement, j’ai écrit des paroles, on s’est mis à quelques-uns dans un “peigne” un soir pour répéter et bricoler une deuxième voix (une bête harmonisation à la tierce), et c’est devenu le chant de la promotion. Le chant a eu un succès certain, on nous l’a souvent redemandé et, quelques années après, j’ai eu la surprise de voir dans un régiment, une compagnie se rendre au pas cadencé à l’ordinaire en chantant ce chant ».

Dans la tradition orale, les circonstances de la création des chants sont exceptionnelles, car les auteurs interviennent dans des circonstances particulières avec un objectif pratique, sans se soucier de postérité. Le chant se transmet ensuite à l’imitation sans préoccupation de son origine. Ceux du Liban est d’abord enregistré en 1990 par les parachutistes du 3e RPIMa (CD, Dimupro, DMP 9001 C) et publié dans un carnet de chants du 2e Hussards quelques années plus tard.