Un para à l’honneur!
Le général Chabanne a été élevé à la dignité de Grand Croix de la Légion d’Honneur. Les insignes lui ont été remis aux Invalides par le général d’Armée Schmitt, ancien CEMA, au sein du Club des Chefs de Section Para ayant commandé au Feu (CDSPF) et en présence du général d’armée Puga, Grand Chancelier de la Légion d’Honneur. Le capitaine Chabanne avait passé le commandement de la CA du 3 RPIMA au capitaine Schmitt en Algérie. Notons que le 3 RPIMA compte désormais dans les rangs de ses Anciens 12 Grand Croix de la Légion d’Honneur : impressionnant et admirable record pour ce prestigieux régiment !
Allocution du général SCHMITT
C’est le 30 avril 1957 que je me suis présenté à vous, à Sidi Ferruch, au cantonnement de la CA du 3ème RPC que commandait le lieutenant-colonel Bigeard.
Je servirai un an sous vos ordres. Une année restée marquée dans mon esprit car les hasards de la guerre me conduisirent à combattre à vos côtés à Agounenda, Miliana, Timimoun et Djeurf lors de la bataille des frontières et à Alger lors de la destruction de l’organisation terroriste qui garde le triste record de la fréquence et du nombre d’attentats dans une ville française. C’est au sud des Nementcha que vous m’avez transmis le commandement de la C.A.
Soixante ans après cette année très dense, c’est un grand honneur pour moi de vous élever à la dignité de Grand-Croix de la Légion d’Honneur en cet hôtel des Invalides, cher à tous les soldats de France, en présence de votre famille et de nos camarades du club des anciens chefs de section parachutistes ayant commandé au feu dont plusieurs anciens de la C.A font partie ou en ont fait partie comme le colonel Tiger récemment disparu. En fait partie aussi le général Puga Grand Chancelier de la Légion d’Honneur qui nous fait l’honneur de sa présence.
Vous avez été artilleur puis très vite vous êtes passé dans l’infanterie coloniale.
C’est ainsi que lors d’un premier séjour au Tonkin vous servez au 6ème RIC. Vous y méritez quatre citations entre avril 1949 et septembre 1951, année de votre retour en France.
Vous êtes affecté au 110ème R.I.C. en Allemagne. Mais la guerre froide ne vous passionne pas et en octobre 1952 vous repartez au Tonkin où vous prenez le commandement d’un commando opérant en Moyenne et Haute région.
Vous serez blessé, trois fois cité et nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1953.
Cette même année 1953 vous agirez quelques semaines aux ordres de Bigeard qui vous repère et vous décrit ainsi dans « Pour une parcelle de gloire » : «je reçus en renfort un commando d’une cinquantaine d’hommes commandés par le lieutenant Chabanne, petit, brun, tout en muscles, gueule d’amour, forte personnalité, ayant un ascendant certain sur son commando ».
Fin 1954 vous regagnez la France et ce sera l’Algérie.
Après quelques mois, en mars 1955 vous rejoignez Bayonne. Affecté au 3ème BCCP en formation, vous êtes désigné pour en commander la CA. Vous êtes nommé capitaine alors que le 3ème BCCP rejoint en décembre 1955 le Constantinois. Quelques mois après le bataillon devient le 3ème RPC et Bigeard en prend le commandement. A la tête de la C.A vous accumulez les succès dans les secteurs d’El Milia et de Bougie.
Avant que ne survienne l’intermède de Chypre. A son retour le 3 s’installe à Sidi Ferruch et est engagé dans ce que l’on appelle depuis la bataille d’Alger. Avec la C.A vous remportez des succès exceptionnels avant de découvrir l’Atlas Blidéen lorsque le dispositif d’Alger est allégé.
J’ai déjà évoqué la suite que j’ai vécue sous vos ordres. Je compléterai en précisant qu’à Djeurf le 27 février 1958 vous avez été à la base des succès du régiment. Vous serez promu officier de la Légion d’honneur avec citation à l’ordre de l’armée.
Vous quitterez le 3 en même temps que Bigeard et le suivrez au centre d’entrainement à la guerre subversive à Philippeville puis dans le secteur de Djelfa.
En avril 1959, vous participerez à la mise sur pied du groupement de commandos parachutistes de réserve générale. Vous serez à nouveau blessé et cité.
Au total durant les campagnes d’Indochine et d’Algérie, vous aurez été quatorze fois cité. Six fois à l’ordre de l’armée. Vous aurez été blessé trois fois au combat.
Après 1962 vous alternerez les fonctions de commandement et les affectations en France et Outre-mer.
Vous servirez ainsi à Madagascar et au Gabon tout en retrouvant deux fois le 3ème RPIMa à Carcassonne ; en 1964 pour en diriger le groupement d’instruction et en 1972 comme chef de corps.
Le 14 juillet 1971 vous êtes promu commandeur de la Légion d’honneur.
En novembre 1979, vous êtes affecté en RCA afin de conseiller le Président de la République et de réorganiser les forces centrafricaines.
Enfin, le 28 mars 1981 vous êtes nommé général et versé dans la 2ème section du cadre des officiers généraux.
Vous vous établissez à Fontainebleau et devenez un membre fidèle du club des chefs de section parachutistes ayant commandé au feu.
Vous serez enfin élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur en mars 2003.
A vos proches, ici présents pour la plupart, je dis qu’ils peuvent être fiers d’un tel cursus.
Grand soldat, je le rappelle quatorze fois cité et trois fois blessé au combat, il n’était que justice que vous soyez élevé à la dignité de Grand-Croix de la Légion d’honneur. C’est pour moi je le répète un grand honneur de vous en remettre le cordon devant l’étendard de l’Institution nationale des Invalides qui porte brodée sur ses plis depuis le Premier empire l’inscription « Toutes les batailles ».